Il est de certains restaurants qui se planquent, qu’on ne
connait pas jusqu’à ce qu’on vous en parle, parce que leur mode de
communication, vieux comme mes robes (et bien plus que ça !), est le
meilleur depuis que commerce est commerce : le bouche-à-oreille. Et Les
filles au piano font partie de ceux-là, planquées dans un petit coin non loin
des rues piétonnes, officiant avec la générosité et la bienveillance d’une fille
et de sa mère. Une histoire de famille...
Côté accueil, c’est la fille qui s’en charge, derrière la
vitrine mettant en avant la partie vente de produits régionaux, secondée du
seul homme de la maison, tous les deux souriants et très agréables. Une bonne atmosphère
règne, le service est détendu, pas de manière, c’est simple comme un bonjour, et, fait surprenant, les portables font l’objet d’une
attention particulière, priés d’être laissés de côté. Point non négligeable
pour une véritable pause repas, supposée couper du reste du monde pendant
l’heure règlementaire du midi. Mais on ne vient pas ici que le midi pour autant, on vient aussi
écouter des concerts le soir, passer des moments entre amis en buvant du bon
vin (là aussi une belle sélection) et en mangeant les bons fromages et bonnes
charcuteries espagnoles proposées sur l’ardoise.
L’ardoise, les plats, c’est le travail de la mère, et elle
cuisine comme un chef, sans en avoir les qualifications, prouvant qu’une femme au
statut basique de mère-de-famille-par-défaut-cuisinière peut surpasser bon nombre
de « chefs » souvent autoproclamés, et ce, tout simplement parce
qu’elle s’est toujours entraîné avec amour pour les palais les plus exigeants
qu’il existe: ceux de sa tribu. Des plats bons, généreux, mais pas
trop copieux, bien équilibrés.
Comme ce filet de bœuf sauce au Chaource, servi
avec une pomme de terre dans son papier alu de cuisson, creusée et emplie de
la même sauce au fromage, comme surpassant l’envie irrépressible de l’enfant de
creuser un puits dans sa purée pour y couler les flots de sauce; ou cette généreuse assiette de poulpe, doré à point et
cuit avec justesse, accompagné de haricots verts et de riz. Simple, cuissons
parfaites, efficace !
Les desserts subissent la même attention, dont une
coupe de glace au citron arrosée de limoncello, recette originale de la
grand-mère, excellent, et un café (ou
thé) gourmand très complet, réunissant soupe de kiwis, pana cotta, financier,
crème brûlée et gâteau au chocolat, seule petite fausse note, légèrement sec.
Mais rien de bien important, la partie sucrée a assuré la touche de douceur et
de plaisir pour finir le repas d’une belle façon. Une très bonne adresse
accessible, aux alentours de 20euros incluant apéritif et vin, plat et dessert.
Un lieu plus que recommandable, qui laisse bon goût et bon souvenir.
Les Filles au piano, 10 rue Galante, 8400 Avignon.
Tel : 04-86-68-48-54
formule du midi 12euros, ouvert midi et soir du mardi au samedi