« Cauchemar en cuisine », ça vous dit quelque
chose ? Mais si, vous savez bien, cette émission lancée avec le chef
britannique Gordon Ramsay, aux attitudes et langage peu châtiés, reprise à la
française par M6 et Philippe Etchebest, Maître Ouvrier de France aux deux
macarons Michelin, dont le but est de venir secourir des restaurateurs en mal
de clientèle, « au bord du gouffre »et « dans l’impasse ». Alors
chef Etchebest accourt, flanqué de quelques experts Metro (grossiste
alimentaire), digne d’un Pascal le grand frère fondant sur ses adolescents
rebelles, avec « ses tripes et son coeur » et par pure philanthropie
comme il nous l’explique en voix off, avec lecture fastidieuse de son
texte : « alors quitter mon établissement pour aider des
restaurateurs, je réfléchis pas, je fonce ! ».
Parmi ces derniers, bien souvent des affaires familiales :
maman investit avec et pour son fiston dans un hôtel-restaurant-salon-de-thé
aux rideaux fermés et aux 46plats pour deux cuisiniers, sans succès, et on ne
comprend vraiment pas pourquoi. L’émission nous apprend qu’« en France,
ils sont presque 10000 chaque année à se lancer dans le rêve d’une vie :
ouvrir un restaurant.» mais aussi que chaque jour, 6 établissements ferment
leurs portes. La cause ? Surement celle-ci, annoncée par le sauveur
tant attendu : « quand on est fleuriste, tenir une cuisine relève du
suicide. ». Là, il pose le doigt sur quelque chose, on le sent… En effet,
bien que le rêve d’ouvrir un tel lieu frôle l’esprit de bon nombre d’amateurs
porteur d’un capital aimant la popote et les sous-sous, il n’en reste pas moins
que cela requiert un certain nombre de compétences et un parcours dans le –très
difficile– monde de la restauration : travail d’équipe, règles d’hygiène,
organisation ou marche en avant s’apprennent, et ce avant de monter une
entreprise.
Pas étonnant alors de se retrouver à manger les petits plats
mijotés par Métro, Pomona ou Davigel, grands
spécialistes en distribution de produits tant bruts que finis et décorés. Et le
personnel qualifié dans tout ça ? D’abord, il est parti, car le pataugeage
général fait généralement fuir le professionnel ; ensuite les postes sont
peu rémunérés, les salaires tournant généralement autour d’un smic hôtelier,
soit 7,23euros nets de l’heure. Mais la réalité des métiers de la restauration est
qu’ils sont pénibles, bien loin du bonheur imaginé par des patrons simples
amateurs de bonne chair: journées coupées, soirs et week-ends chargés, vie
personnelle et familiale mise de côté, et j’en passe, et méritent à ce titre
des salaires en conséquence.
Mais Philippe
Etchebest, leur apprend Le Métier, lui, en une semaine, du service à la
gestion, et règle en maître psychologue tous les conflits affectifs dus à tant
d’années de non-dits familiaux. Résultat : violons, compassion, mais aussi
recettes, mobilier et styles imposés par M6 et son chef au col tricolore, comme
une aura posée sur les enseignes. Mais force est de constater que la
restauration est affaire de professionnels, nécessitant une formation, au même
titre que les fleuristes composent des bouquets, que le forgeron forge, que le
coiffeur coiffe et que le banquier fasse banquer. Et les vaches seront bien
mieux gardées !
Très pertinent! j'achète!
RépondreSupprimerK
Bravo ! Je repasserai lire vos articles.
RépondreSupprimerMerci à "Chef Simon" d'avoir fait suivre.
Tout est dit ;)
RépondreSupprimerMerci à vous de m'encourager à continuer! et bien sûr à Chef Simon =)
RépondreSupprimertouit est tres bien résumé.....tout à fait d'accord!!!
RépondreSupprimerExcellent commentaire, je n'aurais pas dit mieux ;-). Au plaisir de vous lire...
RépondreSupprimer