Il est de ces plats qui requinquent, emblème de la cuisine
populaire, le pot-au-feu est un nom qui résonne aux oreilles comme une vieille
rengaine française, on la connaît, la sifflote, mais elle traîne malheureusement
la patte du côté des nouvelles générations, soucieuses d’optimiser le temps
précieux d’une vie passée à courir. Parce que quand on fait un pot-au-feu, il
faut prendre son temps, le laisser mijoter longtemps en envahissant d’odeurs
alléchantes toutes les pièces alentours, pour parvenir au stade fondant de la
coriace viande de bœuf bouillie dans un bouillon de légumes.
Contrairement à l’idée reçue que la viande de bœuf est chère,
les morceaux utilisés pour ce plat sont largement moins couteux que les parties
nobles de l’animal (filet, entrecôte, etc.). Il s’agit de se servir des
morceaux principalement issus des pattes de l’animal : le gîte, le
paleron, la macreuse, l’araignée, ou encore le collier et la queue. Cette
dernière est d’ailleurs peu connue mais exceptionnelle pour le goût qu’elle
offre et sa texture confite, malgré le peu de chair qu’elle recèle. Il convient de la mélanger aux autre morceaux pour avoir un pot-au-feu extra. Opter pour une partie un peu osseuse
et cartilagineuse donne une bonne tendreté à la viande, qui sans ça reste sèche
et filandreuse. Et puis il faut un peu de gras aussi, parce que tous les arômes
y sont enfermés, et qu’il donne toute la consistance du pot-au-feu. Ca, c’est comme
ça, et on ne peut rien y faire ! Alors les régimes, et autres tortures
intellectuelles et physiques autour du mot « gras », n’ont aucune
place ici, dans cette cuisine généreuse, et nourrissante, qui prépare le corps
au froid hivernal. Côté gras justement, l’os à moelle tient un rôle essentiel
dans le plat, c’est en fin de compte la cerise sur le gâteau, n’en déplaise aux
sceptiques, qui ratent alors le doux goût raffiné de la substance, appréciée
étalée sur un simple bout de pain, saupoudrée de quelques grains de fleur de
sel. Les connaisseurs s’en délectent, souvent secrètement d’ailleurs…
D’un point de vue ration, la recette est forcément
généreuse, le plat étant familial et populaire. Pour cinq à six personnes :
1,5 kilo de viande (morceaux cités plus haut), deux gros poireaux émincés, une belle branche de cèleri, deux
navets blancs ou violets, trois carottes, le tout coupé en morceaux, jeté d’un
coup dans une cocotte, dans un petit fond d’huile d’olive. Ajouter un oignon
piqué de clous de girofle, une feuille de laurier, un bouquet de thym (cinq
branches), et recouvrir d’eau. Il faut toujours veiller à maintenir le liquide
à hauteur des ingrédients, pour ne pas que le fond finisse par accrocher, ce
qui arrive relativement vite… Le plat doit mijoter à petits bouillons, au moins deux heures, et être surveillé de près. Puis
cinq grosses pommes de terre, coupées en six, sont à ajouter en fin de cuisson,
environ une demi-heure avant de servir, tout comme les deux os à moelle,
préalablement enduits de sel, seulement sur la partie moelle (pour éviter
qu’elle ne se perde dans le bouillon). Et goûter, toujours goûter quand on
cuisine, en assaisonnant petit à petit, pour ne pas risquer de sur-saler ou
sur-poivrer. Vérifier la cuisson : la viande doit fondre sous la cuillère,
être très tendre. Et comme pour les confitures, les meilleurs pot-au-feu se
font dans les vieilles cocottes, qui gardent jalousement, face au grattoir de
l’éponge, et à force d’années d’utilisation, tous les arômes des plats jadis mijotés.
En somme, pour atteindre le stade « vieux pot » il faut en faire, et
en refaire ! En famille, entre amis, au retour d’une balade champêtre ou autre, bonne excuse pour tous se retrouver autour de la cocotte posée au milieu de la table, le
pot-au-feu est un plein rempli de chaleur et de convivialité. Allez, hop hop hop, à vos couteaux !
Et pour une recette bien présentée, bien qu'un peu plus compliquée, c'est chez le Chef Simon!
hummmm! j'en ai l'eau à la bouche ;-)
RépondreSupprimerDélicieuse prose culinaire, je découvre ce site avec régal ! Et félicitations à la nouvelle tata du petit Tom !
RépondreSupprimerBenjamin
C'est un délice tellement bien expliqué.... Bonne journée!
RépondreSupprimerMerci Miamana! belles journée et soirée à vous =)
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