mardi 26 novembre 2013

Suspendez les cafés et faites attendre les baguettes !


On en parle depuis quelques mois, et l'idée a germé depuis près d'un an chez les cafetiers qui aiment leurs prochains: les biens-nommés cafés suspendus sont enfin à la mode de chez nous. Et le café suspendu, en voilà une idée qu'elle est bonne! Elle arrive tout droit de Naples, où le caffè suspeso a une dimension carrément traditionnelle (si, si, c'est même le Parisien qui le dit à ses abonnés), pour atterrir en France. Le principe? Vous allez boire un coup quelconque dans un troquet, et choisissez d'offrir gracieusement un café à qui ne peut se le permettre, mais aspirant tout de même à un peu de chaleur humaine et en tasse. Vous payez alors la note d'avance au barman, qui ajoute une barre sur son ardoise regroupant le nombre total de cafés en attente d'être bus par qui n'a pas le sou. C'est quand la misère frappe à la porte que la solidarité s'organise, et en cette maussade et incertaine période, où le pic de fréquentation des Restos du Coeur et autres organisations d'assistance aux personnes dans le besoin atteint son triste maximum, cette nouvelle apporte son petit lot de réconfort, et détend l'esprit.


Le café en attente n'arrive pas seul chez nous, et se fait même emprunter, voire doubler le concept par de gentils pères la boulange du territoire. Comme une évidence, c'est la baguette en attente qui a fait son entrée en France. Offrir le pain aux ventres creux et grouillants d'appétit, sans avoir à faire sentir le poids du besoin aux dits-affamés, qui se déplacent ainsi comme tout un chacun dans une boulangerie pour se ravitailler, ça fait gravir quelques barreaux sur l'échelle de la dignité, et ça fait se sentir quelqu'un, quelque part!  Alors, la baguette en attente fait parler d'elle, et amplement. Une initiative belle de simplicité comme un merci, importante et qui en impose, incitant à la solidarité et la remettant au goût du jour, en redonnant une réelle dimension au commerce de proximité, en recréant un tissu social qu'on pensait décousu à jamais. Le must: certains commerçants citoyens se font désormais généreux donateurs de stocks frôlant la péremption, en offrant des victuailles chères aux nécessiteux. Des réponses citoyennes concrètes face au problème national de la faim, qui encouragent ainsi grandement à pointer du doigt le gâchis infâme de nourriture, prôné notamment par nombre de grandes surfaces et commerçants irresponsables (dont un certain boulanger franchisé de la Place Pie d'Avignon, criant, à qui lui demande s'il donne ses invendus, qu'il n'est "pas là pour nourrir la cour des miracles". On appréciera la finesse du verbe).


Alors, comme Coline Serrault, saluons, relayons, partageons et devenons tous vecteurs de ces petites solutions locales, pour provoquer cet immanquable désordre global au sein de notre société de consommation plus gaspilleuse et affamée que jamais !

Page Facebook de la baguette en attente, adresses des boulangeries solidaires: https://www.facebook.com/pages/Une-baguette-en-attente/379764988801552?fref=ts

2 commentaires:

  1. Bonsoir, votre article est superbement bien écrit. Bravo à vous. C'est vrai qu'une baguette en attente à trouver son "public" en France, les boulangers sont de plus en plus nombreux à mettre en place ce concept dans leur boulangerie. C'est bien, j'en suis heureux. On assiste à un changement radical du don et de la solidarité. Le citoyen s'approprie le concept et l'applique dans la boulangerie de son quartier. Cela fait du bien à tous, de se sentir acteur du changement et de cette solidarité. J'ai le sentiment que ce n'est qu'un début et que le mouvement va grandir. Bien à vous. Cordialement. Jean d'une baguette en attente.

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  2. Merci à vous Jean pour ces compliments! Bien à vous aussi Jean d'Une Baguette En Attente.

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