Top Chef, saison 4, première !

Nouvelle saison pour l’émission qui fait trembler la France grâce à des carottes, du jambon, des coquillettes, ou encore des bonbons. Seize candidats, cuisiniers professionnels, triés sur le volet parmi quelques deux mille demandes initiales, d’abord sur leurs motivations réelles à vouloir être de grands chefs, selon le Figaro, puis sur pré-concours de cuisine, pour ne garder que les meilleurs, et surement les plus « vidéogéniques ». De gros moyens déployés, avec des partenaires et sponsors qui se multiplient chaque année (liste non exhaustive, faute de place): Chroma, Guy Degrenne, Metro, Pyrex, le Parfait, et même la Croix Rouge ! Top Chef, ou le bon plan comm de l’année. Allez zou ! Première émission, première épreuve, en direction de… Auchan ! Fourneaux et plans de travail placés devant de beaux étals de fruits et légumes, couleurs chatoyantes, en mode nature vivante. Premier partenaire de l’émission, « Auchan est fier de vous faire partager l’excellence, avec Top Chef », comme on nous l’annonce à chaque coupure pub. Et l’excellence selon Auchan, et comme défi pour les huit premiers cuisiniers -excités tels des lapins se préparant à sortir du chapeau-, est de transformer un produit industriel en plat d’exception. Faire du beau et du bon avec de la saloperie industrielle, ce doit être ce qu’on appelle communément la nouvelle cuisine. Triste sort pour la gastronomie française… En témoigne ce tweet, très explicite concernant les aspirations gastronomiques des téléspectateurs lambdas salivant devant l’émission :   

S’ensuit la deuxième épreuve devant le magnifique marché couvert de Meaux. Travailler des produits du marché, parce que Top Chef c’est ça aussi, du « naaa-TU-rel-heu » comme dirait ce cher Cyril Lignac, bien évidemment présent aux côtés de son éternelle dream team composée des chefs Convenant, Marx, Piège, et  Arabian. Petite pause recette avant défi de chef, pour illustrer les folles demandes du jury, dont un poisson teint de chlorophyle par Ghislaine Arabian, sur fond de musique d’Harry Potter, rappelant son esprit mutin de "petite sorcière", ou un soufflé chaud sans four exécuté par Marx( qui annonce se « méfie[r] des surfeurs de tendances ». c’est ça la vanne.), dont on apprend qu’il requière 20 minutes de cuisson, alors que l’épreuve imposée dure, elle aussi, 20 minutes… Allez courage candidats, on se fout de vos gueules, mais vous avez la gagne pour être au TOP! Dernière épreuve chez Michou, accompagné de ses « Michettes », parce que oui, on surfe sur la tendance chez M6, et on sait rebondir sur l’actualité. Des talents se dégagent alors, dont Naoëlle D’Hainault, Valentin Neraudeau, et Florent Ladeyn pour les plus remarqués. D’autres qui dégagent tout court, avec violons et trémolos dans les voix, en ayant tout donné, retournant dans l’anonymat et leurs tristes petites vies,  dégradés par la sentence ultime, comme le souligne gentiment ce tweet :

On allait presque oublier de parler de Stéphane Rottenberg, présentateur vedette de concours M6, qui, notamment, après la énième pub, nous annonce : « je vous propose un rdv sur M6.fr pour découvrir une recette étonnante, qui épatera vos amis ».  Direction web (on rate une partie de l’émission du coup !), là, une recette de salade Caesar, dite américaine, présentée par Mir Vaisselle, le présentateur, et Grégory Cuilleron, candidat d’Un Dîner Presque Parfait et de Top Chef, dont les particularités sont de n’avoir qu’un bras, et d’être la mascotte d’M6, recyclée à l’infini. Début vidéo : publicité avec Marc Veyrat, pour le jambon Madrange ! Ca faisait longtemps qu’on ne l’avait pas vu, on aurait préféré garder nos impressions sur son passé élogieux… 

La recette est, elle, inintéressante, totalement. Enfin bon, Top Chef c’est plein d’émotions, de pubs et de marketing, de chefs connus et médiatisés, de musiques sentimentales, guerrières et fantastiques, de célébrité à tout prix, de lieux totalement improbables, où aucun cuisinier n’accepterait d’aller en temps normal, en terme de condition de travail et d'hygiène...Mais bon, quand bien même "c'est de merdeeeeee", on suivra d'un oeil.