lundi 26 septembre 2011

Moi, j'ai mangé... de la Fête "nationale" de la Gastronomie


      Après l’entrée du repas à la française sur la liste des patrimoines immatériels de l’Unesco en 2010, c’est naturellement que les hautes instances étatiques nationales, par la voix du secrétaire d’Etat rattaché au ministère de l’Economie, des Finances et de l’Industrie, Frédéric Lefebvre, lui ont consacré la journée du 23 septembre, premier jour de l’automne.

      Qu’est-ce que la gastronomie française ? Une succession de plats, des goûts, de produits, des préparations ancestrales et modernes, une tradition, en d’autres termes, une institution ! Le très noble foie gras, le pot-au-feu familial, les fromages à pâtes crues plus étonnants et puants les uns que les autres, la douceur d’un macaron ou de l’alcoolisée crêpe Suzette, le repas est chargé de chaleur et de saveurs. Un moment de partage convivial, né d’une culture de la table extraordinairement riche. Diverses manifestations ont tenté de le mettre à l’honneur ce 23 septembre : piqueniques, dégustations de produits divers, cours de cuisine, mais surtout, offres spéciales. 


      Qui dit offres spéciales dit vente, achat, dépense, donc commerce. Et qui sont les plus importants acteurs de cette fête « nationale » ? Quick, Buffalo Grill, Hôtel Ibis, M6, qui a carrément recyclé notre brave ministre de la culture en hôte d’honneur de l’émission de télé-réalité « Un dîner presque parfait ». Tiens, l’Etat se paye un créneau dans le privé ? En tout cas, représenter la gastronomie par ces enseignes est quelque peu scabreux… Côté projet national en construction, c’est Avignon qui a été désignée ville-pilote. Un repas élaboré par 8 chefs de la région et 3 traiteurs regroupant 550 personnes ayant réglé 15 euros participatifs, l’opération coûtant autour de 90euros par personnes, complément payé par la municipalité et le Conseil Général de Vaucluse. Une belle initiative, l’offre est accessible, et vise une initiation à la gastronomie pour des personnes ayant peu de moyens. Malheureusement, on ne peut pas s’empêcher de constater la clientèle, en accord avec la présence de Frédéric Lefebvre : proche des institutions organisatrices, plutôt aisée, habituée aux restaurants, et, point important, informée de la manifestation, pourtant passée inaperçue auprès de la population locale. 


      Une déception pour la fête qui se voulait diffuseuse et représentative des valeurs de la gastronomie française. La démarche est purement commerciale et non philanthrope, le seul but étant de relancer l’économie du secteur de l’hôtellerie-restauration, oubliant le caractère culturel de la désignation. Autrement dit, on est loin de la fête nationale au sens festif du terme. La volonté de Frédéric Lefebvre quant à l’inscription de celle-ci dans les mœurs françaises, prenant volontiers pour exemple la fête de la musique de Jack Lang, semble donc être utopique et déplacée, entraînant un échec, au vu de l’impopularité de l’évènement. Une politique uniquement tournée vers la tranche aisée de la population, décidément, le gouvernement rate vraiment tous ses rendez-vous populaires…

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